Paris > Tel Aviv > Neve Shalom Wahat As-Salam

Samedi

L'avenir appartient à ceux ...

Pas dormi cette nuit, pas le temps. Beaucoup de choses à terminer vendredi : le linge à laver, un mot pour Maud sur un article que j'ai lu dans le "Herald Tribune" au sujet d'un nouveau traitement de la maladie de Crohn, les factures à payer, les modifications à la communication que je dois présenter la semaine prochaine à Bruges... Et à 3 heures (du matin, samedi) il est déjà temps de partir rejoindre Pierre, Arnaud, Michel et sa femme Martine dans un hôtel près du Louvre d'où une navette nous emporte à Roissy.

4h30, terminal 2B, tout le monde est là (sauf Dan, bien entendu). Attente, enregistrement, premier saut de puce jusqu'à Zurich, foule immense au contrôle de sécurité et enfin le vol Swissair 254 pour Tel Aviv.

Pas de problème ni d'interrogatoire compliqué au contrôle des passeports, contrairement à ce que craignait Malika. Bagages. Et nous voici en Eretz Israël. Yossi, notre guide nous attend, chaleureux. Autocar. Autoroute entre orangers et amandiers en fleur sous un ciel plombé, comme si une tempête de sable venait de se lever.

Neve Shalom Wahat As-Salaam, Oasis de Paix

Où sommes-nous exactement ? Où se trouve ce village de Neve Shalom Wahat As-Salaam ("Oasis de Paix" en hébreu et en arabe) ? Discussions interminables depuis notre arrivée à cette première étape. Sommes nous en Israël ? en ex-Jordanie ? Ni l'un, ni l'autre, nous sommes à l'emplacement du no man's land, la poche de Latroun, qui les séparait jusqu'en 1967. Et cette voie qui mène à cet Oasis de Paix ? Est-ce l'ancienne route de Jérusalem ? Et l'autoroute qui est derrière ? Faut dire que la frontière internationale a disparu des cartes qu'on nous a remis. Nous découvrirons ces nouvelles cartes israéliennes où les frontières d'avant 1967 ont disparu, continuité de la Méditerranée au Jourdain, et dans le Nord, les seules limites imposées par les cessez le feu. Quelques tâches marron ou jaune dans ce qui est signalé comme montagnes et désert de Judée et pour Gaza signalent juste que "les Palestiniens sont responsables de l'administration et de la sécurité" (les tâches marron) ou que "les Palestiniens" n'y sont responsables que pour les autres Palestiniens, Israël répondant des Israéliens (en jaune). Et entre les tâches, c'est quoi ? Pas étonnant quand on découvre ces cartes d'entendre certains faire le rapprochement avec les bantoustans ou les réserves indiennes. Nous apprendrons que le village a été fondé au début des années 1970 par Bruno Hussar, moine dominicain, sur une partie du domaine cédé par le monastère de Latroun. Une cinquantaine de familles juives et palestiniennes y vivent ensemble. Les enfants sont scolarisés dans l’école, située au cœur du village, dès la maternelle, en Arabe et en Hébreu.

Je partage ma chambre avec Pierre, en fait une petite maison individuelle: quatre lits disposés dans deux recoins isolés, salle de bain et une terrasse. Après dîner, Laure invite un de ses amis, Eyas qui vit à Nevé Shalom, à nous raconter son histoire. Il est venu au village sans trop y croire rejoindre un de ses amis palestinien, Eyas a fini par adhérer à cette utopie, y a rencontré celle qui est devenue sa femme, une Juive d'origine suisse avec qui il a eu trois enfants ; c'était il y a plus de vingt ans. Il nous explique aussi sa vision d'un état commun, construit selon les règles de Neve Shalom, rassemblant Juifs et Palestiniens dans un seul pays. Ca serait si bien …

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